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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/38

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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.
22. — Madame de Gouville à Bussy.
À Paris, ce 2 mars 1667.

Je vous assure, monsieur, que la petite comtesse[1] et moi sommes aussi bien ensemble que vous nous avez vues, et parlant fort souvent de vous. Il n’y a ni oncle ni tante qui ne nous en fasse ressouvenir ; mais sérieusement tout ce que nous voyons d’agréable ne nous fait point oublier vos conversations. Nous ne manquerons pas de vous donner nos portraits ; mais pour celui de la comtesse de Guiche, ce ne peut être sitôt, car outre qu’elle est fort changée de sa grossesse, elle en est si malade qu’elle ne pourrait se tenir un quart d’heure assise.

23. — Bussy à madame du Bouchet.
À Bussy, ce 3 mars 1667.

Vous souhaitez le changement de mon étoile, madame, mais il n’est plus temps ; en vendant ma charge, je me suis défait de toute ambition et je ne me suis plus attendu à la voir changer. J’ai cherché dans ma retraite à m’éclairer des lumières de ma raison et j’ai trouvé, par son secours, que je ne suis pas si malheureux qu’on pense. Si je n’ai plus de prétentions à la fortune, je n’ai plus de crainte de la perdre. Je suis libre de toutes les manières. Je n’ai ici de devoirs à rendre qu’à ceux qu’il me plaît : je n’y ai ni maître ni maîtresse. Vous voyez, madame, que je mets tout à profit pour n’être plus fâché et pour vous consoler : je me fais encore ici des plaisirs des prospérités de mes amis, on ne connoît guère ces plaisirs-là à la cour :

  1. C’était le nom sous lequel était connue la comtesse de Fiesque.