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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/39

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1666. — OCTOBRE

et tout ce que l’amitié peut faire faire en leur faveur en ce pays-là, c’est de ne les pas envier. Je suis ravi de tous les bonheurs qui arrivent à la maison de Gramont et surtout au comte, mon bon ami. La mort du prince de Guémené n’est pas de celles qui surprennent, à son âge la vie surprend plus que la mort. MM. de Ranty et de Montbron trouveront dans leurs mariages plus d’écus que M. de Montlaur dans le sien. Il est à souhaiter pour eux qu’ils y trouvent autant de lis et de roses.

24. — Bussy à madame de Montmorency.
À Bussy, ce 3 mars 1667.

Je vous assure, madame, que j’ai été fort aise de recevoir de votre part une aussi honnête lettre que celle que j’ai reçue et d’y trouver tant de raisons de vous excuser. Je ne suis pas comme l’abbé Fouquet[1], qui malgré toutes les honnêtetés qu’on lui peut faire, veut toujours être offensé. Je suis toujours très-disposé à croire que mes bons amis n’ont point de tort avec moi, quelque apparence que j’y voie d’abord : et lorsqu’ils prennent encore la peine de se justifier, je ne balance pas un moment à leur témoigner que je suis satisfait, quand même je ne trouverois pas leurs raisons trop bonnes. Il me semble que le soin qu’ils prennent de s’excuser est une satisfaction aussi grande qu’un pardon qu’ils m’auroient demandé ; mais l’abbé Fouquet pense faire le généreux dans son adversité, quand il ne se paye pas de la raison. Pour moi, jusqu’ici j’ai fait ce que j’ai pu par l’entremise de la comtesse de Fiesque

  1. Frère du surintendant. Voy. sur ses rapports avec Bussy, Mémoires, t.  II, p. 48 et suiv. Il avait été fort maltraité dans l’Histoire amoureuse, ibid., p. 339 et suiv., 371 à 419.