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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/44

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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.

nullement capable d’oublier un parent aussi proche que vous me l’êtes, et avec autant de mérite que vous en avez. Mais, en vérité, il n’y a pas encore quinze jours, qu’après avoir pensé mourir, je suis revenue dans le commerce du monde, où je voudrois bien qu’on pût ne vous être pas tout à fait inutile. Je ne vous dis point que vous pouvez ordonner, parce que je crois que vous êtes assez juste pour ne pas douter du pouvoir que vous avez sur moi, et de l’envie que j’aurois de vous rendre quelque service, et de voir ici comme mille autres gens qui occupent très-mal à mon gré la place que vous y devriez avoir. Voyez donc ce que vous croyez qu’on puisse faire pour vous tirer d’un lieu où votre santé ne peut jamais être bonne, puisque votre esprit n’y sauroit être content. J’en parlerai à nos amis et je ferai tout ce qui pourra persuader la sincérité avec laquelle je suis à vous.

30. — Bussy à la duchesse de Montausier[1].
À Bussy, ce 24 mars 1667.

Il y a des temps, madame, où c’est manque de soins de ne pas écrire à ses amis ; il y en a d’autres où c’est discrétion. Il me semble qu’il est de meilleure grâce à un malheureux de se taire que de parler : ou il fatigue s’il entretient de ses misères, ou il est ridicule s’il veut faire le plaisant. Je ne me suis pas donné l’honneur de vous écrire depuis mon départ, pour éviter l’un ou l’autre de ces inconvénients. J’ai trop de respect pour vous, madame, pour vous importuner de mes chagrins, et je ne suis pas assez fou pour vouloir rire. Je sais bien qu’il peut y avoir un

  1. Cette lettre dans le tome III de l’édition de 1727 est donnée à tort comme étant adressée à madame de H… et avec la date du 13 mars. — Voy. la note de la page 26.