Page:Racan Tome I.djvu/284

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Quoy ! les justes regrets de la France affligée

Ne purent à pitié les destins esmouvoir !

Ils ont mis à tombeau ce demon de sçavoir
Dont la terre sembloit estre au ciel obligée,
Et sans aucun respect la Parque s’est vangée
De celuy dont le nom méprisoit son pouvoir.

Ariste, favory des filles de Memoire,
Fut icy bas un dieu dont l’immortelle gloire
A merité d’avoir des vœux et des autels.

Ô souverains autheurs des loix inviolables !
Quelle foy maintenant vous peut croire immortels,
Puique l’on voit la mort attaquer vos semblables ?


ÉPITAPHE
De feue Dame Louise de Bueil, abbesse de Bonlieu.
Sonnet.

Celle de qui ce marbre est le dernier sejour
De la bonté du ciel avoit eu tant de grace
Que, ne pouvant gouster aucune chose basse,
Elle estima Dieu seul digne de son amour.

Pendant qu’elle a joui de la clarté du jour,
De ce parfait amant elle a suivy la trace,
Et toutesfois ses ans ont borné leur espace
Que huit lustres entiers n’avoient pas fait leur tour.

Ne sois point estonné, toy qui plaints ce dommage,