Page:Racan Tome II.djvu/411

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Ô Dieu protecteur des humains,
Qui par de si puissantes mains
Nous as garantis du naufrage,
Sois à jamais nostre support,
Et ne laisse point dans l’orage
Ceux que ta grace a mis au port !

SONNET
SUR LE BOIS DE LA VRAIE CROIX.

Beau cedre aimé des cieux, dont l’heureuse memoire
Ne craint point de l’oubli les rigoureuses lois,
Ne blasme point le sort qui fit mourir ton bois,
Puisque le mesme sort a fait naistre ta gloire.

Celuy de qui le sang sur toi fut épanché,
C’est celuy dont la grace égale la justice,
Qui souffre injustement nostre juste supplice,
Et qui nous fait revivre en tuant le peché.

Ô nompareil ouvrier des œuvres nompareilles,
De qui tous les effets sont autant de merveilles,
Que ton amour est grand, que ton pouvoir est fort !

Mon Dieu, de quel miracle est ta bonté suivie :
Jadis un bois vivant nous apporta la mort,
Un bois mort aujourd’huy nous apporte la vie1 !

1. L’un des sonnets irréguliers dont parle Racan dans la Vie de Malherbe.