Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/116

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se déclarait à lui-même que le fatalisme aidant, ou le doigt de Dieu s’appesantissant sur la roture, madame Soirès, petite croquante, selon l’expression de sa vieille amie, s’enamourerait de sa personne.

Un homme doit-il se retirer quand il est sûr de plaire et quand il ne veut pas aimer ? Telle était la question que se posait Maxime, descendant les Champs-Élysées. Une certaine chevalerie lui indiquait un prompt effacement, car les circonstances lugubres de la première entrevue rendaient l’amour dangereux de la part de Berthe. Ensuite être l’ami, pour un alezan vendu, de M. Soirès, n’avait rien d’engageant, et quel singulier monde on coudoyait chez ce financier de pacotille !…

Madame Soirès aimait son mari, quoique coquette ; mais avait-elle rencontré sur son chemin l’esprit qui a le temps de dompter et qui ne demande rien après avoir aidé l’âme à s’épanouir ?

Au plus bas de son être, dans le limon que tout individu porte en soi, Maxime finit par découvrir même que l’admiration du mari lui causait une joie malsaine…

— Allons !… se dit-il en prenant la direction de la rue de Lille, je ne veux pas la séduire, ce serait fatigant. Mais pourquoi ne sommes-nous pas au temps des Bastilles ! j’aurais jeté l’époux dans un cachot, l’épouse pleurante serait arrivée me demander sa grâce que j’aurais accordée à une condition…

Et, plus tard, sans nous souvenir, sans nous