Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/115

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à la Dubarry ou d’une tabatière de Petitot, approuvait ou se scandalisait suivant le cas. Point de lunch ni de vins glacés, mais de temps en temps on s’offrait une pastille exquise signée Marquis.

La duchesse possédait vers Saint-Brieuc une propriété de chasse, et de là était venue leur intimité.

Maxime, en achetant la propriété à la vieille dame, lui avait réservé son pavillon. Un page n’eût pas été plus courtoisement filial.

— Ah !… disait madame de Sauvremieux… si j’avais vingt ans de moins !…

— Si j’avais vingt ans de plus !… pensait Maxime de Bryon.

Il résultait de ces mutuels regrets une affection d’un tyrannique délicieux ; l’un ne pouvait se passer de l’autre.

Lorsque le jeune homme avait rencontré le banquier Soirès, une nuit de jeu, il était loin, comme on doit le penser, de se créer une intimité nouvelle ; cependant il avait raconté à la duchesse, de son ton dédaigneux, par acquit de conscience, l’histoire dramatique du suicidé, et madame de Sauvremieux, très effarée, lui avait dit :

— Maxime, prenez garde, vous allez m’être infidèle !…

— En réalité, le comte, quelquefois, rêvait à se faire aimer… seulement…

— Rassurez-vous, duchesse répliquait l’égoïste, je ne changerai en rien nos habitudes.

Au retour de cette promenade au galop, Maxime