Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de dix heures à minuit. Obtenez de monsieur Soirès, ce bon mari trop positif, de vous faire ces lectures… il n’a qu’à y gagner…

« Ensuite, je viendrai vous offrir mon bras un de ces jours de carême pour aller entendre un prêcheur distingué, le Père Montsabré. De l’église nous passerons au musée, et du musée nous irons chez moi… Oh !… quelle étourderie !… Je me meurs de regret… chère Madame, je vous traitais comme un camarade. J’oubliais que je ne peux recevoir une mondaine dans un pied-à-terre de garçon. Pourquoi sommes-nous si sérieux, aussi ? »

Berthe ne riait plus. Il lui avait fait presque un aveu tout à l’heure, et maintenant il semblait ne pas s’inquiéter beaucoup de la grande tresse dorée qu’elle étalait devant lui, sur le velours sombre de son corsage. Oui, elle obéirait à ce docteur d’un nouveau genre, mais à la condition qu’il se déclarerait plus malade qu’elle !

Le plaisant jeune homme avec ses vieilles théories !

— Monsieur Maxime, je crois que vous me demandez l’impossible ; mon mari ne partagera pas mes études ou je resterai ignorante, car, à mes côtés, il ne peut s’occuper que de moi, fit-elle d’un accent résolu.

— Tant pis… si M. Soirès s’occupait moins de vous, Mme Soirès s’occuperait beaucoup plus de lui !

— Oh !

— La pure vérité, ma chère amie !