Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/146

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je plaisante… cependant… ils sont merveilleux, vous le savez.

Le banquier éclata.

— Vous aimez madame Soirès ! rugit-il en se relevant d’un bond.

Maxime fit un geste qui signifiait : l’accès devient aigu ; mais il resta muet.

— Je ne suis pas fou, comte ; non, je ne suis pas fou, il y a déjà des semaines que je vous ai deviné… Oh ! je sais que vous allez parler de sa coquetterie infernale : je vous l’accorde ; vous allez me raconter qu’elle est belle à miracle, que ses cheveux sont des cheveux de reine et que sa peau a la douceur du lis. Vous me direz qu’elle est innocente, j’en suis sûr ; qu’elle ne tombera pas, j’en jurerais ; mais je ne veux plus qu’on l’aime ; non, je ne veux plus. Je souffre à crier quand vous l’approchez, je me mords les bras chaque nuit quand je me rappelle que vous lui avez adressé la parole… et, bien qu’il n’y ait rien de vrai, rien de possible… bien que je sache qu’elle n’est pas coupable… je finis par rêver que je vous étrangle… voilà !…

« Jusqu’à présent, comte, ma femme a été coquette sans le savoir, c’est-à-dire qu’elle ne s’est pas expliqué le plaisir que toutes les femmes éprouvent à torturer l’homme qui les aime. Eh bien ! je voulais souffrir, mais je ne voulais pas lui avouer mes souffrances. Vous êtes arrivé pour me faire hurler, vous…

« Eh ! je sais bien que je suis un rustre, un parvenu,