Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/152

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Le comte retraversa le salon, s’arrêta à la portière qui ne bougeait plus.

— Berthe, vous êtes là ? dit-il avec une rage concentrée.

— Oui, Maxime, s’écria-t-elle folle de désespoir, et j’ai tout entendu… mon mari a deviné, lui, vous ne m’aimez pas… c’est impossible… vous n’auriez pas juré !…

Le jeune homme avança la main jusqu’à cette fragile barrière que son honneur rendait infranchissable, puis, pas à pas, les yeux pensifs, un sourire d’une tristesse charmante aux lèvres, il s’éloigna à reculons.

— Berthe, dit-il, quand il fut près d’une fenêtre, à l’opposé du boudoir, allez vous-en… c’est vous qui ne m’aimez plus !…

En disant ces mots, comme s’il avait deviné le geste terrible de la malheureuse créature, il appuya son mouchoir sur ses yeux. Elle s’était dressée superbe de passion dans l’encadrement de la glace, elle avait soulevé la lourde draperie et avait paru entourée d’un flot de lumières… Derrière elle, faisant toute la volupté du tableau, scintillaient les cristaux, l’argenterie, le feu de l’âtre, les paillettes des tentures. Un chaud parfum se répandait à travers le salon, odeur de mets savoureux et senteur de jolie femme.

Elle, prête à s’élancer, lui offrait toute sa personne, les : deux bras ouverts.

— Madame Soirès, retirez-vous ou je sonne pour