Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de vous loger une balle dans la tête, ajouta-t-il après une pause.

Soirès avait tiré son revolver, il ajusta tranquillement le comte.

— Brute !… pensa le jeune homme dont le cœur eut un peu froid.

Alors, comme il était difficile de biaiser, Maxime dit lentement, les yeux fixés sur ce velours qu’agitaient d’imperceptibles frissons :

— Je vous jure, Monsieur, sur mon honneur de gentilhomme, que je ne la reverrai plus.

— À partir de ce soir… objecta Soirès faisant craquer la détente.

— À partir de ce soir, répéta Maxime d’un ton sourd.

— C’est bien… vous avez hésité… et j’ai confiance, dit le banquier remettant son revolver dans sa ceinture.

« Les serments faits trop vite ne sont pas sérieux ; donc, je vous salue, Monsieur, et je vous dis peut-être au revoir… car je vous aime tout en vous estimant moins… Hélas !… les poètes, voyez-vous, je ne les prise guère… je suis un simple bourgeois !…

Il se dirigea vers la porte.

Maxime le suivit sans que son urbanité de maître de maison se démentît une seule fois. Au seuil, ils échangèrent un salut cérémonieux.

Puis Soirès, quatre à quatre, comme un écolier, descendit les marches. Son coupé l’attendait devant le trottoir.