Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/162

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Quand Soirès le quittait il avait une recrudescence de mépris pour Berthe.

Lui, qui avait refusé le sermon aux nouveaux appétits de sa femme, songea qu’il ne se vengeait vraiment pas assez.

Il inventa, un soir, une torture ; il prononça de son plein gré le nom de l’exilé.

— Je viens de rencontrer de Bryon, fit-il, l’air détaché de la chose, et figurez-vous, Mi-chat, qu’il se marie…

Berthe devint pâle.

— Il est bien libre de se marier, Jean, dit-elle toute tremblante, sortant de son rêve désolé.

— Vous me faites donc l’honneur d’écouter, à présent ? gronda Soirès ; et son teint devint pourpre.

— Je t’écoutais tout à l’heure ; seulement… j’ai eu peur… en entendant son nom…

— Ce qui Va fait crier… Eh bien !… il va épouser l’une des filles de Mme de Clermont. Titre et fortuné, rien n’y manque. Tu t’expliques pourquoi il a le cœur si occupé ?…

— Je t’en prie, gémit la pauvrette, joignant les mains.

— … Car, continua l’impitoyable mari, entre nous, de Bryon ne t’a pas aimée plus qu’il n’a aimé Caderousse… Je t’avais bien prévenue, le soir de sa première apparition, qu’il n’aimait pas les femmes du monde ; à moins que ces femmes fussent de grande race comme celle qu’il désire épouser.