Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/176

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se tordant les mains, mon mari est un monstre !

— Tiens… votre mari ?… et vous êtes venue ici avec un amant ? fit la duchesse riant d’un petit rire sceptique.

— Vous n’êtes pas charitable, balbutia Berthe se relevant, l’œil en feu… je suis venue avec mon mari : personne ne pourrait le deviner, n’est-ce pas ? je vais vous dire mon nom. Si vous êtes une honnête femme, peut-être daignerez-vous me plaindre… quand je serai dans la Seine… car je ne sortirai de cet enfer que pour aller me noyer… je suis à bout de forces !… Madame… je m’appelle Berthe Soirès… vous entendez, mon mari est le banquier Soirès.

La duchesse fit un mouvement de stupeur. Elle allait l’interroger de nouveau quand la porte de la loge s’ouvrit, et le comte Maxime entra. Berthe se recula éperdue, puis, succombant à la violence de son émotion, elle glissa évanouie sur les genoux de la duchesse. Le comte, machinalement, remit son masque.

— Que signifie, duchesse ? vous êtes en jolie société… c’est la maîtresse de Soirès, ce domino rouge.

— Sa femme, mon cher comte, sa femme ! Et votre Soirès, il est inutile de me le répéter maintenant, est un véritable butor.

Maxime contemplait la pauvre créature étendue sur le divan. Il avait tout raconté déjà à la duchesse de Sauvremieux et celle-ci, heureuse de se