Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/191

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— Eh bien ! demanda Soirès triomphant, tu es contente, tu ne cries plus… je suis sûr qu’au fond tu n’es pas si fâchée que tu veux me le faire croire… les femmes coquettes sont toutes les mêmes !… Bonsoir, Madame, dans une heure nous irons tuer votre amoureux…

Berthe ne répondait rien, elle paraissait dormir…

À l’aube, Soirès se réveilla, il fut très étonné de se retrouver en costume de bal… il sauta à terre, se passa de l’eau sur le visage et rassembla ses idées.

Sa femme n’était plus là. Une robe rouge gisait près de lui avec une ceinture qu’un rayon d’aurore faisait étinceler.

— Ah ! oui, le duel, pensa Jean un peu honteux.

Pourtant il fit craquer ses phalanges, selon sa coutume, s’étira les bras, et sonna son domestique. Il avait été convenu qu’on se battrait au pistolet vers six heures au pré Catelan. Les témoins de Maxime étaient le vicomte de Raltz-Mailly, et un officier d’Afrique de ses amis ; ceux du banquier étaient Desgriel, fort ennuyé de se trouver mêlé à cette aventure dont les journaux parleraient de travers, et de Cossac, le vieux général.

Jean, mis en présence du comte, se comporta en véritable manant.

— Monsieur, lui dit-il brusquement, je n’ai pas de rancune car j’étais ivre, hier soir, vous aviez envie de ma maîtresse, je le comprends. Désormais nous serons bons amis…