Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/207

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Il y eut une seconde pendant laquelle Madame Soirès demeura suspendue par sa robe que le vent avait enroulée au candélabre… Enfin la robe se déchira et le corps tomba comme un plomb. Elle ne jeta aucun cri, ses mains ne se tendirent pas en l’air, sa tête seulement se renversa en arrière, les yeux fermés, et ses splendides cheveux se dénouèrent une dernière fois à la clarté du bec de gaz… ses splendides cheveux étincelants, couleur de l’or !

Le passant que la désespérée avait entendu marcher de l’autre côté du pont prit la fuite. C’était une femme : Marie Grévinette. Elle avait tout vu, cachée derrière l’un des murs de la Morgue. Quand Berthe était montée sur la balustrade, la fille, saisie d’un bon mouvement, peut-être involontaire, avait appelé, mais quand le corps fut tombé, Marie s’était enfuie, s’imaginant qu’on la poursuivrait en lui demandant compte de ce suicide…

À quatre heures du matin, Yvon, le valet de chambre de Maxime, pénétra dans le boudoir sur la pointe des pieds : La duchesse dormait d’un profond sommeil ; le petit abbé, tourmenté par tous les incidents féminins de la nuit, avait, au contraire, la mine fort éveillée.

Le comte de Bryon, dont les regards brûlaient de fièvre, s’empara du poignet de son domestique.

— Eh bien ? interrogea-t-il.

— Le médecin est là !… répondit Yvon l’index à la bouche.