Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/210

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j’en ai besoin pour y installer Anne et Yvon… cela sera souverain pour guérir leur nostalgie. Chez moi, le château de Bryonne est trop grand… pour la cure de ces sortes de spleens. On voit la mer de Langarek… la mer, c’est infaillible, comprenez-vous ?…

La duchesse se dirigea du côté d’un guéridon : elle griffonna un mot et le plia en quatre.

— Il suffit, mon ami, vous pouvez adresser ceci au garde de Langarek… je n’ai aucun besoin de mon pavillon pour le moment… d’ailleurs… il est à vous. Ah ! comte… je vous plains.

Elle remit sa mantille de dentelles, ses gants de Suède.

— Je vous serais obligée, monsieur l’abbé, de faire commander ma voiture ; s’il n’y a personne pour atteler… demandez-moi un fiacre.

Le prêtre sortit un peu pensif. Il y avait un malheur dans l’atmosphère puisque la duchesse se retirait aussi sous sa tente.

Maxime tendit la main à la vieille dame.

— Oh ! ma reine, ne m’accusez pas… s’écria-t-il ; elle s’est noyée, là, devant la maison.

Et comme le besoin d’une réaction se faisait sentir à la fin de cette nuit terrible, le comte de Bryon éclata en pleurs.

La duchesse se précipita.

— Noyée ? elle, Berthe Soirès… oh ! mon pauvre cher, mon pauvre cher… comme c’est affreux.

Dans son égoïsme quasi-maternel, c’était lui qu’elle plaignait.