Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non… je l’ai sauvée, moi… grâce au dévouement d’Yvon ; il l’a suivie. … car je me doutais de sa résolution, et il est arrivé juste à temps… balbutiait le jeune homme posant sa tête alanguie sur l’épaule de madame de Sauvremieux. Je ne veux plus la rendre au mari… ce rustre l’achèverait… il a dû la battre, voyez-vous, pour qu’elle soit partie comme cela. Vous me méprisez, duchesse, mais je n’ai plus le droit d’abandonner une femme qui se tue à mes pieds… Elle a peut-être écrit quelque chose, Soirès croira qu’elle est morte… Et elle ira là-bas sous ma mystérieuse protection. Si je l’envoie au pavillon c’est pour que vis-à-vis de vous-même, mon seul juge dans cette affaire, je n’aie rien à me reprocher…

— Oui, je vous absous, mon enfant, répondit la duchesse s’essuyant les joues… pourtant, elle va devenir votre…

Maxime fit un geste d’intraduisible fierté.

— Pensez-vous donc que je veuille lui faire payer mon hospitalité ?… Madame !

Elle ne put s’empêcher de sourire à travers ses larmes.

— Vous parlez comme un homme qui a reçu des balles… Quand vous serez guéri…

— Mon serment n’en tiendra pas moins, je suppose.

Et Maxime fixa sur la vieille dame un œil très noir n’ayant plus rien de l’expression affectueuse qui lui était habituelle. La duchesse de Sauve-