Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/212

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mieux se sentit mal à l’aise ; son favori, bien qu’il fût né aux époques de décadence, demeurait incorruptible.

— Le dernier des preux ! gémit-elle en s’affaissant dans son fauteuil.

L’abbé rentra.

— Le coupé vous attend, Madame ! dit-il enchanté de rejoindre le bercail.

— C’est bon, répondit-elle de mauvaise humeur… je ne pars plus.

Une heure encore elle arrangea des compresses, releva les traversins, et visita la blessure, puis, agacée subitement, elle se tourna vers l’abbé qui était en train de rallumer le feu.

— L’abbé, fit-elle très vite, est-on obligé de tenir un serment jusqu’au tombeau, lorsque celui qui vous l’a fait faire est un vilain monsieur ?

Pétrifié, le petit abbé s’arrêta, la pincette d’une main, son bréviaire de l’autre.

— Ma foi, Madame, je crois que oui… surtout quand ce serment a été exigé pour une bonne cause.

Maxime riait tout bas, se repelotonnant voluptueusement sous les chaudes couvertures ; il se disait que les femmes sont toutes les mêmes !…

Jamais, peut-être, sybarite ne se trouva plus heureux qu’à ce moment de douces langueurs ; le feu flambait, la duchesse discutait, sa blessure se fermait, enfin il n’avait pas eu le déchirant spectacle de la pauvre créature se débattant