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Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/222

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mise à genoux si fort que le parquet de son salon s’en était ébranlé.

— Misérable !… tu l’as donc tuée… ou fait tuer, hurla Soirès.

Madame Gérond, qui ne quittait plus son gendre, accourut aux cris de la malheureuse.

— Vous savez quelque chose ? s’exclama la mère en joignant les mains. Dites vite… tout vaudra mieux pour nous que notre incertitude !

Le banquier alla se mettre contre la muraille, le front collé aux tentures, se bouchant les oreilles, sanglotant comme un enfant. Il en savait assez, lui ! Berthe était morte de son fatal amour pour le comte de Bryon… que lui importait le reste ? Marie s’expliqua longuement pendant que la mère, frissonnante, répétait d’une voix pleine d’angoisse :

— Elle n’a pas pu se sauver… ils l’ont tous laissée mourir… ma Berthe, une enfant si délicate, si jolie !…

C’était le poète Desgriel qui, en causant avec Marie, avait fini par en obtenir un pénible aveu. Ensuite il l’avait décidée à la démarche qu’elle venait de faire.

Lorsque Marie Grévinette sortit de ce salon, elle sanglotait comme cet époux qui jadis, un instant, l’avait fait sourire. Le lendemain, Jean se rendit chez le préfet de police.

— Monsieur le préfet, dit-il en déposant sur son bureau une liasse de billets de banque, voici à peu près une centaine de mille francs. Pensez-vous que