Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/223

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la somme soit : suffisante pour faire draguer la Seine entre Notre-Dame et Bercy ?

Ce n’était pas la première fois que le banquier avait recours à la police pour ses recherches, et comme il voulait ses recherches sans publicité, il dépensait des fortunes dans l’idée fixe que Berthe demeurait bien vivante. La seule chose qu’il ne se permettait pas, c’était d’inquiéter Maxime ; celui-ci gardait encore le lit, les témoins du duel l’avaient vu, couché, fiévreux et la supposition d’un enlèvement ne pouvait être admise une minute.

Le préfet se fit donner certains détails absolument indispensables, la fille Marie dut comparaître dans le cabinet, ce qui lui causa des frayeurs horribles et on acquit la certitude que Berthe n’ayant pas crié, aucun secours n’avait pu lui venir, pas plus des passants que des employés de la Morgue.

— Désirez-vous que je m’assure de cette personne ? demanda le préfet désignant Marie Grévinette prête à se trouver mal.

— Non, répondit Soirès d’un ton sourd, laissez-la libre, les remords sont les meilleurs bourreaux.

Et le banquier, vêtu ce jour-là de grand deuil, ouvrit lui-même la porte à la fille, et lui remit une bourse qu’il tenait en réserve pour elle. Plus tard, elle répétait au poète Desgriel qu’elle avait eu presque envie de la rendre, tant la pâleur de ce richard lui avait causé une impression d’effroi.

— Pauvre domino rouge ! murmurait Desgriel rêvant de son côté au drame tout moderne que