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Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/241

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la trouva sanglotante, le berceau d’osier sur ses genoux.

Le comte Maxime avait compris que le danger n’était plus du côté de Berthe, il pouvait venir sans craindre une fatale apparition, la folle amoureuse s’effaçait peu à peu devant la mère. Comme il possédait la science de se faire adorer toujours, il désirait simplement raviver son image au-dessus de ce berceau menaçant.

Il descendit à Bryonne par une merveilleuse matinée de septembre ; les grands marronniers se couvraient déjà d’une teinte d’or, les corbeilles de la pelouse embaumaient l’air de senteurs capiteuses, et au loin la mer se roulait en furie, ainsi qu’elle le fait sur les côtes de Bretagne aux approches des équinoxes.

Les meutes du chenil hurlèrent d’un long hurlement de plaisir, le cygne qui voguait au milieu de l’étang s’arrêta en faisant une gracieuse ondulation du cou. On saluait le maître. Le vieil intendant avait rangé les domestiques près du perron, quelques fermiers agitaient leurs chapeaux.

Maxime était seul, le front soucieux, l’œil songeur. Qui sait s’il ne s’était pas attendu à trouver parmi les vassaux une femme voilée de crêpe ?…

— Ni pêche, ni chasse ! avait-il répondu à la question de son intendant.

— Mais un baptême ! pensa celui-ci qui ne voyait pas d’inconvénient à introduire un bâtard dans la liste des aïeux de M. le comte.