Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/242

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Maxime demanda Yvon le soir même de son arrivée.

Madame Berthe est très souffrante surtout depuis qu’elle vous sait ici, déclara le valet de chambre, elle ne tient vraiment qu’à un fil, ajouta-t-il en hochant la tête, il faudrait peu pour le casser. Si M. le comte était venu plus tôt…

— Je ne pouvais pas la voir… quand je serais venu plus tôt. À quoi bon ?…

Berthe aussi disait à présent : À quoi bon ? Et elle jetait la clef du paradis dans la mer, du haut des falaises.

— Elle aurait moins pleuré, Monsieur le comte ! soupira Yvon qui se permettait une observation malgré le respect que lui inspirait son maître.

Maxime fit un mouvement de colère, presque imperceptible ; cependant Yvon recula.

— Vous m’avez recommandé de m’attacher à cette jeune dame, balbutia-t-il, et j’ai obéi… elle est douce et jolie comme une vierge… les enfants qui courent sur les rochers lui embrassent les mains quand ils s’approchent d’elle, et je connais un pêcheur qui vous jurerait que lorsqu’il l’a vue assise devant la mer, il attrape plus de poissons qu’à l’habitude. Anne se ferait couper en morceaux pour lui ôter son chagrin… le curé lui a donné la communion presque sans confession, c’est le cas de le dire !… Ah ! Monsieur le comte, elle mérite votre pitié, je vous assure… la pauvre petite dame !

Maxime expliquait juste ce qu’il fallait d’un ordre