Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/244

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la travée du parc et d’où on apercevait, tout à l’horizon, le pavillon de la duchesse. Il le vit perdu dans la brume du soir, demi-flottant dans une buée venue du ciel et de la mer. Langarek s’endormait autour du pied de l’éminence sur laquelle il était construit. Un rayon du soleil couchant mettait un scintillement dans une de ses vitres. Durant une chasse, Maxime avait approché de la maisonnette et il savait qu’au-dessus de la porte se trouvait la croisée de la chambre à coucher.

— Elle est là ! se dit-il en s’accoudant sur l’appui sculpté de l’ogive.

Une morne tristesse s’empara du jeune homme, il se sentit très seul pour la première fois de son existence… seul et pourtant fier de cette amertume qui l’envahissait.

Sa nature égoïste avait pour toujours revêtu un épais manteau d’orgueil, et quand il frissonnait sous ce manteau il se l’avouait difficilement. Il essaya une expression dédaigneuse, mais ses yeux se troublèrent, une larme se suspendit à l’extrémité de ses cils noirs.

Maxime n’avait pas pleuré depuis la terrible nuit du suicide.

— Est-ce que je l’aimerais ? se demanda-t-il en refermant l’ogive illuminée du même rayon qui se mourait au loin sur la vitre de Berthe.

L’intendant vint le prévenir que « Monsieur le comte était servi ». Maxime gagna la salle à manger où semblaient l’attendre les graves personnages de la