Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/261

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Bryon essayaient de se dissimuler le plus possible. Eux seuls portaient la cravate de batiste blanche, tandis que leur entourage masculin exhibait la honteuse cravate de soie rouge, signe caractéristique d’un monde pour toujours décapité. Maxime s’ennuyait, le regard hautain, mais la lèvre poliment souriante ; le poète, nimbé de ses cheveux blonds et fluides, riait d’un rire doux et mauvais comme la morsure d’une bouche que l’on chérit.

— Que faisons-nous ici, Monsieur ? murmurait Maxime.

— Oh ! je l’ignore, répondit le poète, car il nous serait facile à nous, les vrais, de nous créer une société murée, d’une élégance absolue, toujours intelligente et jamais se mélangeant… Nous y adopterions quelques femmes, d’un vice intéressant, qui seraient choisies parmi les mieux élevées, des femmes sans poignées de mains, dont le regard dirait tout, tandis qu’elles nous répondraient non ! Il nous serait facile d’être le monde artiste à cinq ou six, pas plus… et de dresser des émules de bonne volonté dont le dandysme serait l’art à défaut d’art. Mais… je ne comprends guère ces attirances canailles… pourtant je les subis, moi, comme vous… je viens ici, je vais là… je néglige même les salons demeurés sincères (j’en connais trois à Paris) pour traverser la cohue que nous admirons ! J’y suis attiré par le parfum d’un corps quelconque qui m’aura frôlé en passant… ou peut-être par l’étude à laquelle j’ai le plus de plaisir à m’acharner : celle