Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/49

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il convient à ces sortes de personnages suspects, mais par la porte que vous daignerez m’indiquer…

Berthe essaya un sourire.

— Je suis mieux ; c’est vrai que j’ai eu très peur de vous. À présent… que le gant est brûlé… Alors il est mort ?… Vous êtes bien sûr ?…

— Ma foi, Madame, il en réchappera peut-être, on l’a emporté chez lui, on savait son adresse, il parlait, il s’agitait…

— Ah !… je respire… Merci, cher Monsieur, s’écria Berthe.

Quant à Soirès, il voulut en savoir davantage.

— Je mens effrontément, lui répondit tout bas le jeune homme, il n’est que trop mort, tué raide… il n’a pas prononcé une syllabe… il n’avait ni adresse ni papiers et on l’a dirigé sur un poste de police ; mais Mme Soirès est tellement impressionnable…

Soirès serra la main de de Bryon avec effusion.

Après cet incident le bal finit fauté de danseurs.

Il ne resta bientôt plus que de Bryon, le vieux général avec son sujet, un journaliste pérorant et deux ou trois personnages insignifiants.

— Prodigieux ! vous soutenez que Mme Soirès l’était aussi !… disait le journaliste en se démenant très fort.

— Je l’assure… ripostait l’opérateur, les moustaches de plus en plus hérissées. Mon fluide est allé de l’une à l’autre au moment du coup de revolver, et les deux influencées ont eu l’intuition de la chose…