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III


Jean Soirès était fils d’un laboureur de Gascogne.

Il s’était échappé du collège de sa petite ville natale avec le coup de soleil que chacun sait, et après avoir fait du colportage dans les bourgs de cinq cents âmes, il était arrivé à Paris par un matin de décembre, sans un sou, vêtu d’une blouse d’été. Il se rendait le jour même chez le député de son pays, un bon ayant conservé l’accent du terroir.

Il se présenta dix fois de suite. Il fut reçu la dixième fois, le domestique étant lassé d’ouvrir, de minute en minute, à un individu qui savait jurer aussi bien que son maître.

Jean et le député échangèrent des poignées de mains, le premier parce que ses vêtements étaient plein d’accrocs, le second parce que les intrigants en habit qui l’entouraient lui paraissaient plus dangereux que ce jeune aventurier de belle humeur ;