Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/112

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de m’asseoir ! On reconnaît la femme de lettres, dans un salon, à ce qu’elle demeure généralement debout. Pédante ou naïve, jeune ou vieille, elle se lève de sa place pour parler. Je trouve que, bien installée dans un bon fauteuil ou assise timidement au rebord de sa chaise, il est inutile de se mettre debout pour dire quelque chose. Ah ! la phrase fatidique : « Mme X… va nous dire quelque chose. » Ce qu’elle aura perdu de pauvres femmes, point faites, d’ailleurs, pour jouer le rôle néfaste de courtisane cérébrale ! Elles attendent toutes le moment de dire quelque chose. Si elles ne font rien de bien répréhensible, elles ont tout de même le tort d’exiger l’attention, ce qui est une grave impolitesse. Elles mangent leur potage (celles qui en ont !), elles s’habillent, elles sortent, elles entrent, ôtent leur manteau, saluent, sourient, en attendant l’heure de dire quelque chose. Elles sont, dans l’unique but de se voir demander de dire quelque chose. Actrice doublée par la seconde nature, on ne connaît jamais leur première nature, puisqu’elle n’abandonne ja-