Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais la pose. L’actrice, la vraie comédienne, sait ne plus poser. Elle connaît à merveille l’art de se reposer. Mais la femme de lettres ne se repose pas, elle fait l’amour et mouche ses enfants dans l’attitude que lui ont donnée ses livres… ou le magazine qui l’aide à vendre.

(Permettez-moi cette parenthèse : les hommes, qui ont les défauts de leur qualité, n’aiment pas les femmes de lettres, parce qu’ils ont un goût prononcé pour le naturel grossier de la femme tout court. Or, il y a des femmes de lettres assez filles pour dire, aussi, quelque chose de grossier…, je cite ici un poète mort : « Quand je songe qu’elle disait M… avec une rare élégance ! » Donc, elles ne cessent même pas de poser pour dire M… ?)

Tout le mal de ce cabotinage intégral vient de l’abus de la photographie. La femme de lettres est une éternelle victime de la mode qu’elle ne fait pas toujours et qui la défait. On l’a cristallisée dans un stupide : ne bougeons plus. Les journaux, les revues ont reproduit sa figure, ses allures, son écriture,