Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/91

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crâne large, oreille noire, exécutent une série de cercles cabalistiques, en manège, sur une piste qu’ils ont usée de leurs ongles de fer. Ce sont les seigneurs de la cour. On leur en abandonne la plus belle moitié, celle de devant, avec la jouissance du perron. Ils y ont niches d’été, niches d’hiver et la vue du chemin de halage pour pouvoir donner de la voix sur tout venant. Du côté du poulailler, les perspectives s’embellissent, à leurs yeux ardents, de l’apparition des poules, d’un coq d’une blancheur éclatante, un coq de la paix, auquel Mina, d’un sournois coup de gueule, déclare la guerre chaque fois qu’il s’approche du grillage. Il y a aussi, dans ce poulailler, des lapins, prisonniers paisibles dans leurs étables trop étroites, les bons lapins, dont les oreilles sont toujours basses n’ayant jamais la permission de s’orienter.

Ça va très bien, cette ménagerie autour de la maison. Ils sont convenablement rangés dans des boîtes, des tiroirs, des coffrets. Je veux qu’on puisse être libre chez moi… de ne pas s’entre-dévorer. J’ai offert l’hospitalité à