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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/117

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jeune prêtre ; elle se berça la tête sur ses genoux.

— Oh ! que je vous aime ! — souffla-t-elle d’un accent sauvage.

— Laure, ma bien-aimée sœur, continua l’abbé fermant les yeux, je ne vois plus qu’un moyen de vous protéger contre vos sens. Il faut vous marier. Je ne suis pas fou… non… non… j’ai calculé, cette nuit, toutes nos chances de salut, et je pense que j’ai trouvé juste. Vous ne pouvez pas épouser votre amant ; vos parents, vous-même, vous ne le voudriez pas ; et le scandale serait excessif. Il faut en épouser un autre, je chercherai. Je connais un jeune homme très estimable, un futur notaire qui achèterait l’étude de votre père. Répondez-moi franchement, Laure, accepteriez-vous un mari que je vous proposerais ?…

Laure leva la tête :

— J’accepterai la mort de toi ; mais, en attendant, quelle sera ma récompense ?

— Vous m’obéirez ! fit-il d’un ton navré.

— Et ce mari, nous lui révélerons mes histoires… de petite fille ?

— Il ne saura jamais rien, vous romprez avec Lucien Séchard, vous me l’enverrez s’il vous menace d’un esclandre, et ensuite vous finirez par aimer votre fiancé.

Laure s’écria, révoltée :

— Et si je refuse…

— Alors, je demanderai à mon évêque de changer de cure, c’est bien simple.