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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/148

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bant en larmes énormes sur la pourriture de Lucien Séchard. Maintenant cela regardait la gendarmerie, le maire, le juge de paix. L’enfant de chœur, portant allègrement sa hampe, se dirigea du côté gauche ; le prêtre le suivit, courbant le front. Quand il pénétra sous le porche, il eut un geste anxieux, retenant l’enfant par le bras.

— Quoi donc ? demanda celui-ci que la curiosité tenaillait.

— Tu accroches la croix, c’est toujours la même chose, en passant sous la clef de voûte ! Allons, donne-moi ça et va-t’en !

Le petit se sauva, ravi de se voir libre, et Armand referma le vantail matelassé avec un soupir de soulagement.

Madame Séchard, assise devant l’autel, gémissait, la face enfouie dans son châle de deuil ; elle priait tout haut, récitant des litanies de la Vierge, étalait sa douleur naïvement sans trop songer qu’il n’y avait plus personne à l’église. C’était une grande femme osseuse, l’air méchant, la figure jaune à pommettes saillantes. Le curé lui toucha l’épaule :

— Du courage, bégaya-t-il, les yeux fixés ailleurs, du courage, pauvre femme, et prions ensemble pour le désespéré…

— Il était dans le puits ! Il était dans le puits ! rugit la mère dont la peine s’accrut brusquement de toute la profondeur de cet abîme où le chagrin d’amour avait précipité le suicidé. Je le disais bien, moi, fallait chercher là tout de suite. Ah ! le pauvre