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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/150

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collier à son cou, prête à s’étrangler elle-même pour ne pas choir vivante dans cette boue mêlée de décomposition humaine. Laure était vêtue d’un singulier costume ; elle portait une jupe de drap trop longue pour elle, une espèce de corsage d’amazone boutonné de tout petits boutons, et sa toque se voilait d’une merveilleuse broderie sur tulle blanc. Armand de Bréville lui désigna un confessionnal. Elle traversa le chœur, entra dans la partie réservée au confesseur, et s’enferma. Le curé se tint debout, près de l’étroite grille que masquait une draperie rouge.

— On l’a trouvé, dit-il, laconiquement.

— Je sais, répondit Laure, d’un accent calme, j’ai suivi l’opération en montant sur le dossier de notre prie-Dieu, dans la sacristie. Je voyais très bien…

La sueur baignait le front d’Armand. Il s’épongea fiévreusement avec le bord de son surplis.

— Vous avez ce qu’il faut pour le voyage ?

— Mais oui, j’ai taillé, cousu toute la nuit, j’ai employé deux soutanes et toutes les garnitures d’une nappe d’autel pour ma toque. Je craignais beaucoup pour la coiffure, mais cela me va, je vous remercie.

— Laure ! Laure ! taisez-vous ! râla le prêtre exaspéré par son indifférence et son cynisme.

— Je suis en sûreté, répliqua Laure ; ils peuvent crier, je m’en moque. Et vous, est-ce que vous redoutez des complications ?