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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/165

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X

À quatre pattes, la jeune femme le contemplait, vraiment tout émue d’une émotion pure, presque ravie dans les extases de la maternité. Isolée de tout ce qui pouvait lui donner les moyens de réagir, de se faire une raison, selon l’expression bourgeoise d’Henri Alban, elle s’était mise à aimer ce frêle animal d’un amour de femelle pour son petit, et elle passait de longues heures, accroupie sur des coussins, posée elle aussi comme une bête, ses mains se palmant, les doigts écartés, ses cheveux lui battant toujours les épaules en queue de panthère.

L’esprit sans cesse occupé des menus détails d’un élevage difficile, depuis un mois qu’elle possédait ce chat, elle ressentait toutes les joies et toutes les affres de la primipare. Elle l’avait trouvé dans la rue, près d’une bouche d’égout, accroché au trottoir, et en apercevant cette pelote soyeuse,