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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/17

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La jeune femme écoutait le bruit de ce trottinement ; cela rompit le charme dangereux de ses rêveries et dissipa ses fièvres. Elle gagna l’extrémité de la pièce qui faisait face au lit, et gravit doucement une échelle de fer appliquée à un vasistas s’ouvrant dans le plafond. Elle tâtonnait en cherchant les échelons. Sa tête toucha bientôt le vasistas, elle ôta la targette, puis écouta encore. De loin, la respiration du dormeur était calme ; rien ne l’avait réveillé. Elle savait que ce losange entouré de plomb était difficile à soulever, et elle prit une peine terrible pour le pousser sans le faire crier sur ses charnières. Elle réunit tous les efforts de ses reins et de ses épaules, l’entr’ouvrit. Quand elle eut atteint un échelon de plus, elle passa ses bras dans l’ouverture, sentit l’air frais, en eut une joie d’enfant. À soulever ce vasistas et pour satisfaire une curiosité vague, elle avait bien mis autant de persistance qu’à s’évader d’une prison. Le lendemain elle rirait de son escapade, mais à ce moment de crise nerveuse elle se trouva toute l’audace et toute la perversité d’un criminel. La jeune femme, les pieds crispés à l’échelle, la tête dans le vent, s’accouda les deux bras croisés, comme au balcon. Elle ne vit rien d’extraordinaire, qu’un chat qui s’enfuit vers la plus prochaine cheminée.

Il faisait une jolie nuit, une des premières nuits tièdes du printemps. À cette hauteur une brise folle courait, et quelques nuages reflétant les ors de la lune semblaient monter des rues avec les