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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/192

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étrangers. Laure s’assit sur le petit lit de fer en ramenant devant elle la longue tresse de ses cheveux. Henri, qui, par extraordinaire, ne fumait pas, s’assit en face d’elle sur une chaise, la même sans doute qu’au jour d’arrivée il avait brandie d’un mouvement de colère contre la belle fille qui venait s’offrir à lui.

— J’espère bien, murmura le jeune homme s’emparant des mains de Laure et les tapotant, que tu ne vas pas te désoler… Un mois, c’est vite écoulé, ma chérie.

— Je ne me désolerai pas, répondit-elle d’un ton morne.

— Voyons, nos petits comptes sont en règle ? Je te laisse une centaine de francs. Auras-tu assez pour m’attendre ?

— Plus qu’il ne faut, je ne sors guère et ne visite jamais les magasins. À part le lait de Lion

Et la jeune fille eut un sourire.

— Oui, je sais, je sais, tu es un modèle d’économie. T’ai-je donné la seconde clé !

Il fouilla toutes ses poches.

— Tiens, prends-la, j’ai confiance, et on a besoin quelquefois de sa seconde clé… quand on perd la première.

— Tu me rends ma liberté ? fit-elle, affectant des allures insoucieuses.

— D’abord, petite sotte, tu l’as toujours eue… Le loyer est à ton nom, tu es chez toi là-haut et je n’ai rien à voir aux changements qu’il te conviendra