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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/224

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arrangea la table aux dominos, prépara l’eau pour le thé dans la bouilloire, puis se rendit dans la chambre jaune où elle soignait Lion indisposé.

— C’est vraiment très chic ici ! murmura le clerc debout sur le seuil, et contemplant les stores de soie, le lit vieil-or.

Il avança d’un pas.

— Il est donc malade, votre pauvre mimi, que vous aimez tant ?

— Il est enrhumé, je crois.

— Voyons ça. Vous savez, j’ai fait des études, moi, sur les animaux.

Il eut un air grave ; Laure, tout occupée du chat, ne se doutait pas qu’on pût s’occuper d’autre chose pour le quart d’heure. Elle était penchée dans l’édredon ou dormait l’animal, et l’éveillait pour lui offrir du lait sucré.

— Mâtin ; il a une fameuse binette ! c’est un tigre ! Quel âge a-t-il ? Faudrait le couper, il est malade, parce que vous l’empêchez de courir, hein ?

— Je ne veux pas qu’on y touche, monsieur ! Il ne sera jamais martyrisé par personne.

— Oui, c’est très joli, la compassion, mais il vous salira tout, et, s’il ne court pas, il deviendra épileptique.

Comme il parlait un langage décent, Laure le laissa s’approcher du lit, et Lui montra Lion se dorlotant au fond du satin jaune.

— Il a bien près d’un an, dit-elle caressant son