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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/229

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XIV

Laure, dès le mois d’avril, aux premières nuits tièdes, recommença ses vagabondages sur les toitures ; elle profitait du vertueux sommeil d’Henri pour se lever avec la lune, et allait courir dans ce qu’elle nommait son jardin. Bizarre jardin, planté de tuyaux de tôle, fleuri de girouettes, solitude effrayante où soufflait une bise enragée, désert de pierre dont les folles herbes étaient représentées par le hérissement de la ferraille et les rugosités des tuiles, formidable pays dont elle devenait la reine à l’heure des chevauchées félines.

— Tu tomberas dans la rue et tu seras cause que nos concierges feront des cancans, grommelait Henri l’ayant surprise, à la pointe de l’aube, revenant du sabbat des chats.

— Ne te tourmente pas, mon cher ami, on ne rencontre personne là-dessus, et tu ne peux pas m’accuser d’y donner des rendez-vous, lui répondit-elle en souriant d’un étrange sourire.