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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/228

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vague noir de l’âtre, elle pleurait. De quoi se plaindrait-elle ? n’était-elle pas plus coupable que lui ! Elle l’avait trompé en son absence et avait eu la bassesse de ne pas le lui dire ! Il fallait cesser toutes relations, briser les dernières chaînes, mais il finirait mal et lâchement leur pauvre amour. ! D’ailleurs, avec le prochain renouveau reviendraient les folies de ses sens, elle le tromperait encore. Lion, se glissant vers sa maîtresse, la flairait, ronronnait.

— Toi, tu es toujours là quand je pleure, murmura-t-elle agacée. Qu’est-ce tu as donc à m’espionner ainsi ?

L’animal se dressa, posa ses deux pattes sur ses épaules, très délicatement lui lécha les joues, buvant ses larmes. Alors elle eut un de ces étonnements profonds qui apaisent les douleurs les plus violentes, puisqu’ils bouleversent l’ordre établi dans la nature. Comme une mère peut être heureuse de voir s’épanouir l’intelligence de son enfant, elle fut ravie, se sentit privilégiée parmi les femmes, se consola de toutes ses tristesses en une explosion de passion pour les humbles, et remercia ce chat de lui avoir parlé.