Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/241

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d’un petit garçon qui convoite une gourmandise.

— Tout de même, vous me feriez faire de fières sottises ; seulement, on a de la jugeote, et je vois bien votre idée.

— Tu as peur !

— Moi, peur… vous ne me connaissez pas, mademoiselle, je vais droit mon chemin et je me débrouille. J’en ai déjà flanqué des paires de gifles… Peur ! oh ! là ! là !… Au revoir ! Si la fantaisie vous reprenait de visiter mes « cliquailles », vous savez l’adresse, la porte ouvre sur le ciel. Rebonsoir…

Il s’arracha au plaisir grisant qu’il éprouvait, courageux comme un vieux philosophe. Laure le suivait de ses prunelles sombres.

— Toi, tu reviendras ! murmura-t-elle.

Elle se souvenait, oh ! d’un souvenir très vague, de l’enfant dont elle avait fait son esclave, étant enfant elle-même, de ce petit Marcou Pauvinel.

— Marcou était le premier, est-ce que celui-là sera le dernier, songea-t-elle douloureusement, car je me sens triste à mourir… Ils sont tous si lâches.

Lion et elle rentrèrent dans la chambre jaune.

Quelques jours s’écoulèrent. Auguste rôdait. Laure ne montait plus sur le toit. Enfin, un dimanche soir, la jeune femme vint frapper à la vitre de mansarde. Il lui ouvrit éperdument.

— Vous !

— Je viens voir vos machines brillantes.

— C’est-y de la folie, mon Dieu, d’aller traverser