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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/253

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— Soit, je l’ai voulu…

— Alors, de quoi vous plaignez-vous ! Et puis, ma pauvre demoiselle, entre nous, un de perdu, dix de retrouvés.

Laure l’interrompit d’un geste bref.

— Qu’avez-vous à me conter ? dites-moi tout ce que vous savez.

Lion, selon sa coutume de bête fidèle, se faufila dans le lit, se coucha en rond à la place de l’amant parti, et, le regard toujours plein d’une éternelle convoitise, il lui lécha tendrement les cheveux, semblant la supplier de ne pas approfondir la question. Laure le serra contre elle.

— Vous en avez eu bien soin ? dit elle avec vivacité.

— Ah ! par exemple ! Les bêtes, ça me connaît, un si beau matou !…

La concierge s’assit au rebord du lit et continua :

— Je ne sais tout de même pas grand chose ; enfin, vous verrez si ça peut vous servir. Le jour que vous êtes tombée malade, j’ai vu descendre de chez vous, de bonne heure, un petit apprenti, coiffé à la malcontent, qui m’a crié comme ça par le carreau de ma loge : « Je suis horloger, le monsieur de mademoiselle Laure, votre locataire du sixième, m’a envoyé pour les pendules, et voilà que pendant que je travaillais la demoiselle s’est trouvée indisposée ; moi, ça m’embête de soigner une femme, si vous y alliez… j’ai laissé la clef sur la porte ! » Il était bien huit heures du matin. Ça