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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/262

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Le jeune garçon courba l’échine, et, rampant sur les coussins épars, il se blottit à côté d’elle, tout tremblant.

— Je vous ai fait peur ! Excusez-moi, mademoiselle Laure ! je vois que vous me détestez aujourd’hui ! Ah ! c’est que j’ai cassé votre poupée ! je suis cause de tout, n’est-ce pas ? C’est de ma faute, hein, s’il est parti ? Et si je me plaignais, moi, du rôle que vous m’avez fait débiter comme à l’Ambigu ? Y aurait de quoi !

Ses prunelles se noyèrent de larmes. La jeune femme jouait avec un éventail, et elle lui frôla les joues.

— J’ai tort, je l’avoue, mon cher petit. Ce qui est fini ne doit plus m’intéresser. Dis-moi, pourquoi es-tu venu de sa part ?

— Je vais vous expliquer ! Quand vous êtes tombée, je vous ai cru fichue, et j’ai pas voulu vous laisser là, toute grelottante. J’ai attendu jusqu’au matin, et j’ai conté une histoire aux concierges ; censément, c’était lui qui m’envoyait pour les pendules… alors je suis passé chaque jour comme de sa part, ça ne vous compromettait pas. On sait se tenir vis-à-vis d’une belle dame. Vous avez dit : C’est mon amant, seulement pour la frime. Même, mademoiselle Laure, que j’ai empêché qu’on vous coupe les cheveux ! Le médecin trouvait que ça le gênait pour ses remèdes… La concierge m’en a touché un mot, et je lui ai répondu : Monsieur l’a défendu. Une sale race, la race des médecins faut !