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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/305

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XVIII

À l’aurore, l’homme se leva, s’habilla en hâte, et, malgré lui, revint contempler cette femme avant de la fuir. Il ne pouvait pas la payer. Il ne pouvait pas demeurer là, s’il y avait un autre amant, et il se sentait envahi par une irrésistible tendresse pour cette folle. S’il la laissait lui sourire encore, il ne voudrait plus l’abandonner. Oh ! c’était surtout cette voix morne, voix de créature à la fois fière et soumise, qui le captivait, le désarmait. Non ! il ne s’en irait pas sans l’avoir éveillée, lui avoir dit qu’elle était belle et qu’il ne l’oublierait jamais !

Laure ouvrit les yeux, et, d’un geste de pudeur extraordinaire après une pareille nuit, elle remonta les draps sur ses seins nus.

— Vous partez ? interrogea-t-elle anxieuse.

— Veux-tu me dire ton nom ? supplia-il d’un ton ardent.

— À quoi bon ! je ne vous demande pas le vôtre.

— Tu es triste ?