Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le chat prolongeait et qui se terminait en queue jaune annelée de velours.

À travers son voile de sang, Laure s’était vue dans la glace.

Elle se rapprocha de l’échelle, et, grimpant avec des efforts inouïs, rampant sur les pieds, sur le ventre, sur les mains, elle parvint jusqu’au toit.

En haut de l’échelle, poussant une clameur chevrotante, comme une plainte hurlée en miaulement, elle s’arrêta, pleurant sa beauté perdue ; et la femme métamorphosée en bête, rampant toujours, passa par l’ouverture du vasistas, laissant entre le fer et le verre des morceaux de sa peau tailladée, mais portant encore son mâle féroce qui s’agrippait à sa nuque.

Ensemble les deux bêtes enragées se roulèrent le long du toit de cristal ; toutes les deux soudainement dressées dans l’azur, auréolées du soleil printanier et ruisselantes de pourpre, luttèrent une dernière fois au rebord de la gouttière, puis du même élan se précipitèrent à l’abîme.

Pendant que le corps de la femme s’écrasait sur le pavé de la rue, l’homme, avec des précautions infinies, pour la réveiller plus doucement, tournait la clef dans la serrure…

FIN