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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/55

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IV

Laure, que l’on cessa d’appeler petite et dont on allongea les jupes, demeura près d’une année tranquille. Sa mère lui avait révélé certaines choses en un langage louche qui l’avait fait trembler. Elle s’imagina même un instant qu’on savait tout.

Madame Lordès lui répétait, avec des mines de compassion, qu’une demoiselle, sur ses treize ans, ne doit pas courir les rues. Il y a des maladies pas méchantes qui vous arrivent vers le quinzième printemps, des fois plus tôt, dans les pays du Midi ; il est convenable de baisser les yeux devant un jeune homme. Rien de plus naturel, par exemple, que de jouer à la poupée, car on se mariera, on aura des enfants. Mais, avant le mariage, il faut être prudente, éviter les occasions de coquetteries, ne pas sauter sur les genoux des messieurs pour les câliner, comme Laure avait la déplorable coutume de le faire. En général, les mères, déjà trop âgées pour se rapprocher de leur fille