Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Bien sûr. Je connais tous les jeux. Si tu voulais, on s’aimerait comme des camarades.

Et il la chatouillait toujours avec son brin d’herbe folle.

— Oui, c’est une idée, deux garçons qui s’aimeraient d’amitié, murmura Laure les prunelles luisantes.

Tout de suite Marcou devint rouge, puis pâle. Il se redressa, la prit par la main.

— J’ai une cache, dit-il, allons-y. Pas de danger où je te mène…

Ils traversèrent le jardin, la cour, et Marcou dit à voix haute en passant devant la ferme :

— Venez donc voir nos bœufs, mademoiselle, ils ne sont pas méchants.

Une précaution bien superflue, car la mère Pauvinel, occupée à trier du linge pour la lessive, ne s’inquiétait pas de la demoiselle. Dans la vaste écurie des bœufs, ils hésitèrent un moment, se brûlant les paumes à frotter leurs mains encore indécises.

— Il fait bien noir, ici ! soupira Laure toute palpitante.

— C’est comme à l’église, il fait de la nuit… Montons au grenier, veux-tu, sur le foin ?

Ils gravirent un léger escalier de bois qui tremblait sous eux, et quand ils furent dans le foin sec, dans ce grand océan de vagues mortes, ils se trouvèrent tellement heureux qu’ils poussèrent, en même temps, un petit hurlement de joie. La