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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/72

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teignirent, les dernières dévotes s’éloignèrent. Laure demeura devant l’autel, méditant. Les enfants de chœur, à leur tour, se sauvèrent, se bousculant pour aller plus vite. Le jeune abbé, sur le seuil de la sacristie, enlevait son rochet de dentelles, mettant, à prendre ce soin, toutes les précautions d’une mondaine. Laure le guettait.

Elle franchit l’espace qui la séparait de lui d’un pas rapide, sans faire la génuflexion traditionnelle des fervents vis-à-vis de l’autel, et elle pénétra dans la sacristie.

— Monsieur l’abbé, dit-elle, d’une voix sourde, je voudrais vous parler.

— Comment, c’est vous, mademoiselle ? fit l’abbé avec un empressement poli ; je vais profiter de l’occasion et vous remercier pour la belle plante que vous avez offerte à notre Mois de Marie. On dirait un palmier, cette angélique…

Laure s’appuya au chambranle de la porte. Comme elle se taisait, immobile, sa figure paraissant très pâle dans la pénombre, le prêtre eut la sensation qu’il se passait une chose anormale. Il demanda, subitement inquiet :

— Que désirez-vous, mademoiselle ?

Elle répliqua, posant sa main sur sa poitrine :

— J’ai mal !

— Vous êtes souffrante ! Ah ! mon Dieu !

Et il s’effara devant cette créature presque inconnue qui venait droit à lui pour chercher du secours. Il avait déjà rencontré sur sa route ces