Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il répondit d’un ton sourd :

— J’ai toujours mal à la tête, moi !

Laure jeta un regard vif du côté de l’escalier, puis referma la porte ; mais, cette fois, elle s’enfermait chez lui.

— M. et madame Lordès sont sortis, dit-elle d’une voix plus grave, imitant Joséphine quand elle éconduisait une visite importune.

Le clerc faillit bondir.

— Et la bonne, où est-elle ? souffla-t-il.

— Elle est à l’église pour une petite dizaine de chapelet, monsieur Séchard.

Laure, maintenant, était près de lui, elle le frôlait de sa hanche. Il se leva brusquement, alla pousser la targette, rabattre les volets pendant que Laure s’asseyait dans le fauteuil de son père.

— Nous aurons donc encore un orage, monsieur Lucien ? dit-elle égalisant les plis de sa robe. Vous vous souvenez du dernier, hein ? ce qu’il a tonné ! Aujourd’hui, nous sommes au mois d’octobre, il fait moins chaud, n’est-ce pas ?

Elle riait d’un rire étrange, moitié gaîté, moitié sanglot. Lucien la saisit par la taille, s’agenouilla devant elle et posa sa tête endolorie sur ses genoux. Le malheureux garçon suffoquait.

— C’est pour me parler de la pluie et du beau temps que tu es là ? balbutia-t-il.

Laure glissait le long du dossier, tombait du haut de ce cuir vert comme une goutte d’eau glisse le long d’une large feuille. Un instant elle fut toute