Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/117

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aux lueurs astrales d’une veilleuse de couvent, simplement nue sous une chemise transparente, une chemise de cette mousseline d’Orient qu’on appelle, selon la métaphore turque : de la lune tissée. Paul Jousselin eut un éblouissement. Il avait devant lui une autre jeune fille, pas du tout américaine, une jeune fille… à la Marcel Prévost, et en glissant aux genoux de cette singulière fiancée, il s’aperçut qu’elle était chaussée de mules de velours noir brodées de vrais diamants.

— Pourquoi mettez-vous des diamants à vos pieds ? interrogea-t-il, saisi de vertige.

— C’est parce que je suis pauvre ! répliqua la duchesse.

Ils parlèrent d’autres choses, mais le docteur, au cours de la conversation presque criminelle, devina qu’il avait perdu la partie. Ce soir de lueurs astrales fut l’unique soir. Et dans quelle ville ? Il ne pouvait même plus se rappeler… Cette femme ne se montrait tout entière que pour dessiller les yeux des sots, mais elle ne tenait pas à leur estime. Ensuite, ayant condescendu à se faire admirer d’assez près, elle revenait pudiquement aux cache-fortune cendre et poussière de la pénitence.