Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/119

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Les deux autres eurent un geste d’horreur. Ils empoignèrent le misérable gamin et allèrent le précipiter dans les cuisines. Le lendemain matin ils le retrouvèrent pleurant sur des oignons qu’il épluchait pour les manger crus. Cela les attendrit. Ils se mirent à gourmander la bonne, Charlotte, et on trempa ensemble une réconfortante soupe de lendemain de noce : le beurre onctueux de la promiscuité, les oignons des tendresses factices, un clou de girofle en souvenir d’un parfum d’œillet et un filet de vinaigre, ou d’ironie, sur les inconvenances de la femme fatale qui séduisait en pure perte pour elle et pour eux !

— Comment s’appelle-t-elle ? demanda Stephen roulant des yeux égarés. Je suis monté dans sa voiture sans savoir qui m’enlevait !

— C’est la duchesse de Montjoie ! fit laconiquement l’intendant.

— …Et Saint-Denis ? soupira l’enfant encore un peu troublé.

— Mais que font-ils donc tous aux offices ? demandait de son côté la duchesse Lionnelle, sortant du bain.

— Madame, répliqua Charlotte, ils sont en