Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/126

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tait les agents de police. Ou tu veux me faire tuer quelqu’un ?

— Mais non. Je voudrais vous sentir libre. Moi je suis libre. Si j’avais envie de tuer ou de voler, je le ferais tranquillement.

— Et tu irais en prison ?

— Non… parce que j’aurais grand soin de ne tutoyer personne ! Ce qui vous perd, messieurs mes amis, c’est que vous cherchez à compromettre en vous compromettant. Aucune indépendance de notre part Pourquoi donc tenez-vous l’arrêt devant moi, tous, comme des chiens ? C’est idiot. Je connais un joli conte. Dans un pays de Hongrie où mon mari de jadis a été porter une parole de la France pour je ne sais plus quel Président de la République, on sert aux assassins, la veille de leur mort un somptueux repas durant lequel ils ont le droit de se griser avec du vrai vin de la reine, un vin spécial rempli d’épices, et on prétend qu’une fois branchés (car on les pend aux arbres) ils ont les yeux tout blancs d’extase.

— C’est joyeux ! Vous me passeriez, naturellement, la coupe… J’aimerais mieux ne pas aller jusqu’à la corde. Voyons, princesse ! Et mon avenir, qu’en faites-vous ? J’ai dans le cerveau